Questions Clés

Qu’est-ce que l’approche accordant la priorité au logement?

L’approche accordant la priorité au logement (Housing First) est axée sur les usagers en situation d’itinérance à qui elle permet l’accès immédiat à un logement en occupation stable sans condition préparatoire telle que le suivi d’un traitement psychiatrique ou la sobriété123. Le choix laissé aux participants est au centre de l’approche et celui-ci guide tant la sélection d’un logement que des services. De plus, cette approche reconnaît que le logement est un droit fondamental de la personne4. Il peut prendre la forme de programmes tout en étant une philosophie de prestation de services et une approche systémique du traitement de l’itinérance.

Le choix laissé aux participants est au centre de l’approche et celui-ci guide tant la sélection d’un logement que des services.

Selon le modèle, les services cliniques et les mesures de soutien sont séparés. Les participants au programme reçoivent des allocations de loyer qui leur permettent de dénicher un logement type dans la communauté et une équipe clinique hors site offre le soutien nécessaire. Les participants ne consacrent pas plus de 30 p. 100 de leur revenu au loyer qui provient parfois provenant de prestations d’invalidité. Ils vivent généralement de façon autonome dans des habitations dispersées dans la communauté bien qu’ils puissent choisir de vivre autrement (dans des habitations collectives). En plus du logement, ils profitent d’une vaste gamme de services cliniques et de soutien individualisés, flexibles et provenant de la communauté. Les services comprennent généralement un suivi intensif dans le milieu (SIM) pour les participants manifestant des besoins élevés ou un suivi d’intensité variable (SIV) pour les personnes aux besoins modérés. Les équipes des volets SIM et SIV proposent toutes deux des soins cliniques offerts dans la communauté aux personnes ayant des troubles mentaux. Les services du volet SIM sont offerts par des équipes multidisciplinaires et ceux du volet SIV sont coordonnés ou « commandés » par un gestionnaire de cas.

Quel est l’objectif de l’approche accordant la priorité au logement?

L’objectif de l’approche accordant la priorité au logement est de promouvoir le rétablissement des personnes ayant une maladie mentale en situation d’itinérance chronique. On y parvient d’abord en mettant un terme à l’itinérance puis en collaborant avec les participants pour traiter leurs besoins en matière de santé, de santé mentale, de dépendance, d’emploi, de vie en société, de vie en famille, de spiritualité et autres.

Visionnez la conférence TED de Sam Tsemberis au sujet des origines et objectifs de l’approche Logement d’abord et de Pathways to Housing.

Quel problème l’approche cherche-t-elle à résoudre?

L’approche accordant la priorité au logement a été élaborée pour traiter le problème de l’itinérance chronique. Les personnes en situation d’itinérance chronique représentent seulement 11 p. 100 de la population d’utilisateurs de refuges mais 50 p. 100 des personnes qui y vivent à long terme.5,6

Ce groupe, qui comprend un nombre disproportionnellement élevé de personnes ayant une maladie mentale grave (souvent accompagnée de dépendances), constitue un sous-groupe de la population itinérante qui a tendance à demeurer dans des refuges durant de longues périodes et qui est considéré « difficile à loger ». Les personnes en situation d’itinérance chronique tendent à utiliser cycliquement les services de santé d’urgence, les hôpitaux et le système judiciaire, cela occasionnant des coûts imposants. L’approche accordant la priorité au logement aborde les facteurs sociaux d’adultes en situation d’itinérance chronique qui ont une maladie mentale et une dépendance en commençant par mettre un frein à l’itinérance puis en les soutenant durant leur rétablissement. Bien que le modèle ait originalement été élaboré pour traiter l’itinérance chronique, ses principes peuvent être appliqués à d’autres formes d’itinérance.

Quel est le coût de l’itinérance au canada?

On estime que bon an mal an, 200 000 Canadiens sont dans une quelconque situation d’itinérance.7 La prévalence des troubles mentaux est grandement plus élevée chez les Canadiens en situation d’itinérance, comparativement à la population générale. La Commission de la santé mentale du Canada estime qu’environ un demi-million de personnes ayant une maladie mentale au Canada sont mal logées et que plus de 100 000 sont itinérantes .8 Des études suggèrent qu’entre un quart et un tiers des Canadiens en situation d’itinérance sont également aux prises avec une grave maladie mentale.9

Au Canada, on estime à 7 milliards de dollars les coûts annuels occasionnés par l’itinérance.10 Les personnes itinérantes occasionnent une grande utilisation de l’appareil judiciaire et des réseaux sociosanitaires et les coûts sont plus élevés pour les personnes itinérantes que pour les personnes logées.11 En ciblant l’itinérance chronique à l’aide de l’approche accordant la priorité au logement, les ressources sont mieux dirigées vers des stratégies qui se sont avérées efficaces auprès de cette population.

D’où provient l’approche accordant la priorité au logement?

La « désinstitutionnalisation » survenue entre les années 1960 et 1980 a fait en sorte que les patients auparavant hébergés en établissement psychiatrique ont été transférés vers la communauté. Les premiers modèles de logement qui ont suivi cette période offraient à la fois des traitements psychiatriques et de désintoxication. Pour pouvoir obtenir et conserver l’un de ces logements, les patients devaient suivre un traitement et être sobres. Dans les années 1980, ce modèle, dit par « paliers », a été la cible des reproches suivants : a) les choix proposés aux usagers par rapport aux logements et au voisinage étaient limités, b) l’insertion dans les communautés était entravée par le confinement dans des quartiers et des habitations particuliers, c) les relations sociales étaient dérangées par le déplacement des usagers le long du continuum de logements et d) les personnes les plus vulnérables avaient tendance à être hospitalisées en psychiatrie ou judiciarisées de façon récurrente.12

L’approche accordant la priorité au logement a émergé en réponse à ces critiques du modèle à la fin des années 1980. Soutenu par les défenseurs de la cause des usagers Ridgeway et Zipple,13 Paul Carling a adopté une approche préconisant la prestation de services en accompagnement d’un logement. Les usagers se voyaient proposer un logement permanent immédiat situé dans des habitations locatives « normales »14. Ce modèle a été porté à l’attention du grand public au début des années 1990 par Sam Tsemberis et l’organisme Pathways to Housing de New York. Une innovation particulière du modèle Pathways consistait à regrouper les logements avec des services (hors site) offerts par une équipe SIM axée sur le rétablissement pour qu’en profitent des personnes ayant une maladie mentale en situation d’itinérance. Pris isolément, le suivi intensif dans le milieu s’est avéré inefficace dans un contexte d’itinérance. Une fois rassemblés, ces deux modèles (logement avec services et SIM) sont devenus une combinaison puissante. Au cours de la décennie qui a suivi, le modèle Pathways to Housing est devenu le programme basé sur l’approche accordant la priorité au logement peut-être le plus développé et étudié.

Comment fonctionne l’approche accordant la priorité au logement?

De plus, elles cherchent à promouvoir l’insertion dans la communauté.15

L’approche accordant la priorité au logement cherche à mettre fin à l’itinérance en offrant un accès immédiat à un logement permanent dans la communauté. Lorsque les participants entrent dans un programme fondé sur cette approche, on leur offre un accès immédiat à un logement par l’intermédiaire d’une équipe responsable de les aider. Un plan de traitement est ensuite préparé avec le participant en collaboration avec une équipe SIM ou un gestionnaire de cas. On l’aide immédiatement à soumettre une demande de prestations d’invalidité, condition importante de l’admissibilité au loyer. Le participant forme une alliance de travail avec son équipe de services cliniques ou son travailleur social et détermine des objectifs de traitement qui lui sont propres. Les équipes de services cliniques aident les participants à accéder aux services de santé de la communauté dans le cas de problèmes de santé aigus et chroniques. On offre ensuite aux participants de l’aide pour atteindre leurs objectifs de traitement. Ces objectifs peuvent comprendre la formation et le soutien professionnels pour établir et rétablir les liens sociaux ou familiaux et une spiritualité. Ces interventions visent à faciliter l’obtention de services de logement, à favoriser le suivi du traitement et à diminuer l’utilisation des services d’urgence.

Quels sont les principes à la base de l’approche accordant la priorité au logement?

Accès immédiat à un logement permanent sans conditions préparatoires

L’approche accordant la priorité au logement cherche à mettre fin à l’itinérance en offrant un accès immédiat à un logement permanent dans la communauté. Lorsque les participants entrent dans un programme fondé sur cette approche, on leur offre un accès immédiat à un logement par l’intermédiaire d’une équipe responsable de les aider. Un plan de traitement est ensuite préparé avec le participant en collaboration avec une équipe SIM ou un gestionnaire de cas. On l’aide immédiatement à soumettre une demande de prestations d’invalidité, condition importante de l’admissibilité au loyer. Le participant forme une alliance de travail avec son équipe de services cliniques ou son travailleur social et détermine des objectifs de traitement qui lui sont propres. Les équipes de services cliniques aident les participants à accéder aux services de santé de la communauté dans le cas de problèmes de santé aigus et chroniques. On offre ensuite aux participants de l’aide pour atteindre leurs objectifs de traitement. Ces objectifs peuvent comprendre la formation et le soutien professionnels pour établir et rétablir les liens sociaux ou familiaux et une spiritualité. Ces interventions visent à faciliter l’obtention de services de logement, à favoriser le suivi du traitement et à diminuer l’utilisation des services d’urgence.

Choix des services et autodétermination de l’usager

Les participants ont voix au chapitre quant au type de logement et au quartier qu’ils souhaitent habiter bien que le choix puisse être limité par les conditions du marché locatif local. Ils peuvent habiter dans des sites non dispersés, y compris dans des logements collectifs, s’ils le désirent. Les allocations de loyer sont importantes dans le choix de logement. De plus, le traitement est guidé par le choix du participant.

Services de soutien individualisés axés sur le rétablissement et sur l’utilisateur

Les besoins des participants varient grandement. Certains nécessitent des soins minimums tandis que d’autres ont besoin de soins intensifs pour le restant de leur vie. Le soutien varie entre des services d’intensité variable (SIV), coordonnés par un gestionnaire de cas, et le suivi intensif dans le milieu (SIM) coordonné par une équipe multidisciplinaire. Le traitement et les services doivent tous deux être volontaires et tenir compte des circonstances sociales et individuelles particulières de chaque usager, en plus de préconiser son rétablissement.

Réduction des préjudices

La réduction des préjudices désigne une stratégie de santé publique envers la toxicomanie qui met l’accent sur la réduction des conséquences négatives de l’abus de substances intoxicantes. L’objectif est de diminuer les risques et les effets associés à l’abus d’alcool et d’autres drogues tant sur l’usager, la communauté ou la société, sans pour autant exiger l’abstinence. Par conséquent, l’approche accordant la priorité au logement n’exige pas de l’usager qu’il soit sobre et la consommation n’entraîne pas la perte du logement, à moins que le comportement de l’usager viole les termes du bail. Les équipes utilisent ces occasions pour améliorer les interventions et le traitement.

Insertion sociale et communautaire

L’insertion psychosociale, sociale et physique dans la communauté et la société des personnes en situation d’itinérance aux prises avec la maladie mentale fait partie intégrante du modèle accordant la priorité au logement. Elle est facilitée par la gestion séparée du logement et des services cliniques. Les usagers doivent pouvoir participer de façon significative à la vie de leur communauté. L’insertion communautaire est importante pour prévenir l’isolement qui peut nuire à l’occupation stable du logement.

Quelles sont les composantes clés de l’approche accordant la priorité au logement?

Logement

Le logement doit être guidé par les principes du choix et de l’autodétermination de l’usager. Les participants devraient avoir voix au chapitre concernant le type de logement (site dispersé, habitation collective) et le quartier, bien que les choix, dans de nombreux cas, dépendent du marché locatif local. De plus, les participants ne doivent pas représenter plus de 20 p. 100 de l’ensemble des locataires d’un immeuble et ne doivent pas consacrer plus de 30 p. 100 de leur revenu au loyer.

Services de soutien au logement

Une équipe affectée au volet logement aide les participants à choisir un appartement. Cette équipe doit entre autres :

  • Aider les participants à chercher et à trouver le logement adéquat
  • Établir et maintenir les relations avec les propriétaires et agir à titre de médiateur en cas de conflit
  • Soumettre les demandes d’allocations de loyer et les gérer
  • Participer à l’aménagement de l’appartement
  • Développer des habiletés de vie autonome chez l’usager

Services de soutien clinique

Une équipe affectée au volet clinique offre une vaste gamme de services axés sur le rétablissement et l’usager. L’équipe offre un suivi d’intensité variable, coordonné par un gestionnaire de cas, ou un suivi intensif dans le milieu coordonné par une équipe multidisciplinaire. Ces soins répondent aux besoins de santé, de santé mentale, de vie en société et autres de l’usager. Une évaluation solide menée au moment de l’inscription assure d’offrir aux usagers les services adéquats. Les services dispensés par l’équipe visent à promouvoir l’insertion communautaire et à améliorer la qualité de vie et la vie autonome des usagers. Ils portent sur:

  • Les aptitudes de vie quotidienne qui permettent de conserver un logement, établir et maintenir des relations et participer à des activités.
  • L’aide au revenu
  • L’aide au développement professionnel telle que l’inscription dans un établissement d’enseignement, la recherche d’emploi ou le bénévolat
  • La gestion des dépendances
  • La participation à la vie dans la communauté

En apprenant l’existence de l’approche accordant la priorité au logement, de nombreux pourvoyeurs de services diront qu’ils utilisent déjà cette approche. De nombreux programmes existants visant les personnes itinérantes fonctionnent sur la base du rétablissement, les services individualisés et axés sur l’usager ainsi que sur l’insertion communautaire. Cependant, ces programmes sont moins susceptibles d’adhérer à deux composantes importantes de l’approche accordant la priorité au logement : le choix du logement et la structure du programme ainsi que la gestion séparée du logement et des services. Dans le tableau ci-dessous, nous délimitons clairement les éléments clés de ces deux composantes pour illustrer les différences potentielles entre les programmes. La deuxième colonne présente des éléments d’une échelle de fidélité à l’approche accordant la priorité au logement (Housing First) basée sur le programme Pathways to Housing16. La troisième colonne se fonde sur l’examen des écrits portant sur l’approche accordant la priorité au logement . La quatrième colonne provient d’un livre récent largement distribué portant sur cette approche au Canada18. La dernière colonne contient des éléments clés provenant de la position de la Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance (SPLI) fédérale concernant l’approche19. Dans ce tableau, on constate que le livre récent sur l’approche accordant la priorité au logement au Canada et que la position de la SPLI sur cette approche correspondent grandement aux caractéristiques du programme Pathways to Housing et aux écrits. Toutefois, il y a aussi des divergences. Les sites dispersés de logements avec subventions et les locations standard entre propriétaire et locataire sont mis en valeur sans que l’approche ne les considère nécessaires. De plus, les deux sources canadiennes ne précisent pas si les services doivent être offerts à l’extérieur du site des logements ou si des agences distinctes s’occupent du logement et des services. Ce guide préconise l’adhésion au modèle original Pathways to Housing sur lequel de nombreux programmes se fondent aux États-Unis, au Canada et en Europe20.

Cliquez ici pour visionner un tableau comparatif.

Qu’est-ce que l’approche accordant la priorité au logement? Une philosophie, une approche systémique ou un modèle de programme?

L’approche accordant la priorité au logement est une philosophie proposant un ensemble de principes clés qui se reflètent dans les approches systémiques à la lutte contre l’itinérance et les modèles de programmes. Les principes décrits précédemment (p. ex., accès immédiat à un logement permanent, sans condition préalable quant à l’état de préparation de l’usager ainsi que le choix des services et l’autodétermination de celui-ci) sous-tendent et guident les approches systémiques de lutte à l’itinérance et les modèles de programmes.

Une approche systémique accordant la priorité au logement met l’accent sur une planification cohésive dans la communauté permettant d’élaborer des programmes et des politiques coordonnés et complémentaires de lutte à l’itinérance qui sont conformes aux principes et pratiques du modèle. Ceux-ci présentent un système de recrutement qui sélectionne des personnes à risque de devenir itinérantes ou qui sont déjà en situation d’itinérance qui proviennent de la rue, de refuges ou d’institutions.

L’approche accordant la priorité au logement met l’accent sur des modèles de programmes spécifiques visant des populations itinérantes particulières (p. ex., adultes ayant une maladie mentale et des dépendances concomitantes, familles avec enfants, jeunes) pour réduire ou éliminer l’itinérance et promouvoir le bien-être de ces populations. Les distinctions entre les interventions systémiques et du programme, et leur correspondance avec les principes du modèle accordant la priorité au logement, figurent dans ce tableau.

En quoi diffère l’approche accordant la priorité au logement de celles combinant logement et services?

Les programmes basés sur le modèle accordant la priorité au logement logent immédiatement les participants, sans conditions préalables. Le logement et les services cliniques sont séparés. On offre aux participants une vaste gamme de services de santé, de santé mentale et d’autres services de soutien après qu’ils aient été logés. Les participants choisissent leur logement, ainsi que les services de soutien qui répondent le mieux à leurs besoins, et rencontrent un gestionnaire de cas ou un membre du personnel de soutien toutes les semaines ou toutes les deux semaines. Contrairement à certaines approches, le modèle accordant la priorité au logement vise la réduction des préjudicesdans le but de diminuer les risques et les effets associés à l’abus d’alcool et d’autres substances intoxicants, sans exiger l’abstinence comme condition de conservation du logement. Le modèle proposant un logement supervisé fait partie intégrante des services de santé mentale et de logement pour les adultes itinérants.

La plupart des approches combinant logement et services ou les modèles de « continuum de soins » offrent des logements seulement dans des immeubles où sont offerts des services cliniques. Cela signifie que les fonctions des propriétaires et des pourvoyeurs de services sont géréspar une même agence. De plus, les programmes proposant des logements supervisés exigent souvent des usagers qu’ils demeurent sobres et qu’ils reçoivent des services psychiatriques continuels.

Le modèle accordant la priorité au logement est fondé sur des données probantes et cible les personnes qui ont été mal desservies par les approches traditionnelles.

Pourquoi l’approche accordant la priorité au logement met-elle l’accent sur le choix de l’usager?

Le programme accordant la priorité au logement répond aux critiques de défenseurs et de chercheurs qui jugent que les approches traditionnelles destinées aux adultes ayant des troubles mentaux ou des dépendances tendent à ignorer l’importance du choix par l’usager. Depuis longtemps, les usagers demandent eux-mêmes de vivre dans des appartements situés dans la communauté. Pour que les clients visés par ces programmes puissent se positionner comme des citoyens à part entière, il faut admettre qu’ils sont les « experts » de leur propre vie, qu’ils se sont fait abandonner à répétition par des systèmes qui n’ont pas fonctionné, souvent caractérisés par un manque de choix. Or, pour le participant, faire un choix permet d’opter pour une solution perçue comme significative et précieuse. La promotion du choix est un moyen efficace d’engager les usagers dans le processus de rétablissement1, 2 Le choix du logement et des services favorise également les sentiments d’autoefficacité et d’autodétermination dans d’autres aspects de la vie.

Comment l’approche accordant la priorité au logement fait-elle la promotion du rétablissement?

Le modèle accordant la priorité au logement favorise grandement le rétablissement par la prestation de services et axés sur la personne et la promotion du bien-être. Cette approche reflète l’idée selon laquelle le logement est un droit fondamental de la personne et la justice sociale est un pilier du modèle. Le choix et l’autodétermination de l’usager sont au cœur de la prestation des logements et des services cliniques. Les services cliniques sont offerts par une équipe SIM ou SIV. On met fortement l’accent sur la dotation en personnel et on juge essentiel que les « bonnes personnes » favorisent l’appropriation du pouvoir d’agir des usagers et misent sur leurs points forts. L’appropriation du pouvoir d’agir est un principe important du soutien car le modèle accordant la priorité au logement vise à renforcer rendre les participants aptes à affronter les défis de la vie. Conformément aux interventions favorisant l’appropriation du pouvoir d’agir, les services misent sur les points forts des usagers plutôt que sur leurs déficits.3

Comment l’approche accordant la priorité au logement fait-elle la promotion du rétablissement?

Où des programmes ont-ils été mis en œuvre?

Mythe
L’approche accordant la priorité au logement provient des États-Unis et ne s’applique vraiment qu’à ce contexte particulier.

Mythe déboulonné
Cette approche a déjà été largement mise en œuvre au Canada et partout ailleurs dans le monde.

Des programmes accordant la priorité au logement ont été mis en œuvre en Amérique du Nord et commencent tout juste à voir le jour en Europe. En Amérique du Nord, de tels programmes ont été implantés au Canada (Colombie-Britannique, Alberta, Manitoba, Ontario, Québec, Nouveau-Brunswick) et aux États-Unis (New York, Caroline du Sud, Oregon, Massachusetts, Minnesota, Californie). En Alberta, où il existe un plan de lutte à l’itinérance échelonné sur dix ans, des programmes ont été mis en œuvre partout dans la province. En Europe, ces programmes ont vu le jour en Irlande, au Portugal, en Finlande, aux Pays-Bas, en Hongrie, au Danemark, en Écosse et en France.4, 5 Bien que le modèle aborde l’itinérance chez ses personnes ayant une maladie mentale, il est utilisé dans de nombreux endroits pour répondre aux besoins de la population itinérante globale.

Consultez la carte ci-dessous pour savoir où l’approche accordant la priorité au logement a été mise en œuvre.

Quelles sont les données à l’appui de l’approche accordant la priorité au logement au canada?

Le projet Chez Soi, étude clinique avec randomisationmené au Canada, à partir duquel ce guide a été élaboré,a permis de dégager des données appuyant l’efficacité du modèle accordant la priorité au logement. Aux États-Unis, neuf autres études de même type ont aussi effectuées. Leurs résultats ont systématiquement démontré que ce modèle réduit l’itinérance et les occurrences d’hospitalisation, favorise l’occupation stable d’un logement et permet à l’usager de choisir un logement dans une plus grande mesure que les services habituels, les programmes offrant un logement supervisé ou les interventions de gestion de cas pris isolément. Certaines de ces études ont démontré que le modèle accordant la priorité au logement a contribué aux améliorations en matière de santé, d’abus de substances et d’insertion dans la communauté.6 Le modèle a été approuvé par la Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance de Ressources humaines et Développement des compétences Canada. Aux États-Unis, il figure au registre national des programmes et pratiques fondés sur des données probantes (NREPP, 2007) de l’administration américaine de services de toxicomanie et de santé mentale (SAMHSA).7
Au Canada, les résultats ont été particulièrement positifs quant à la mise en œuvre de l’approche:8
  1. À Vancouver, le projet Chez Soi a été cité comme l’une des raisons à l’origine de la réduction récente de l’itinérance, calculée par dénombrement.
  2. Une recherche récente menée à Vancouver estime qu’une économie de coûts de l’ordre de 30 p. 100 a été réalisée grâce à l’offre de logements aux personnes itinérantes.
  3. À Calgary, l’approche a connu un tel succès que la Ville a observé une réduction des lits occupés dans ses refuges.
  4. Une étude canadienne a indiqué que la prise en charge institutionnelle habituelle au phénomène de l’itinérance (système carcéral et hôpitaux psychiatriques) es beaucoup plus dispendieuse (coûts annuels estimés à entre 66 000 et 120 000 dollars) que les investissements dans le logement supervisé(coûts annuels estimés à entre 13 000 et 18 000 dollars).

Le projet Chez Soi a permis d’étoffer les données prouvant l’efficacité de l’approche accordant la priorité au logement au Canada. Cette étude a révélé ce qui suit:9

Mise en œuvre du programme

L’étude révèle que l’approche accordant la priorité au logement peut être mise en œuvre dans divers contextes au Canada en utilisant à la fois des interventions de type SIM et SIV.Le modèle répond aux besoins variés en matière de soins et peut être adapté à des contextes locaux (milieux ruraux et petites municipalités) et populations diverses (Autochtones et immigrants récents).

L’approche accordant la priorité au logement met rapidement fin à l’itinérance

Dans toutes les villes, les participants du groupe d’intervention ont conservé un logement dans une bien plus grande proportion que les participants recevant les services habituels.Au cours des six derniers mois de l’étude, 62 p. 100 des participants du volet d’intervention étaient logés en permanence (contre 31 p. 100 dans le groupe recevant les services habituels), 22 p.100 étaient logés par intermittence (contre 23 p. 100 dans le groupe recevant les services habituels) et 16 p. 100 ne l’étaient pas du tout (contre 46 p. 100 dans le groupe recevant les services habituels).Les résultats étaient similaires chezles participants des volets SIM et SIV.Les résidences du volet d’intervention avaient tendance à être de meilleure qualité et occupées de façon plus constante que celles réservées aux groupes recevant les services habituels.

L’approche accordant la priorité au logement est un investissement judicieux

En moyenne, le coût des interventions basées sur le modèle se chiffre à 22 257 dollars par année chez les usagers aux besoins élevés et à14 177 dollars par année chez ceux ayant des besoins modérés.Au cours de la période de deux ans suivant l’inscription des participants dans l’étude, chaque tranche de 10 dollars investis dans les services accordant la priorité au logement a entraîné des économies moyennes de 9,60 dollarschez les participants aux besoins élevés du volet SIM et de 3,42 dollarchez les participants aux besoins modérés du volet SIV.Les économies ont été importantes en ce qui concerne les 10 p. 100 de participants qui occasionnaient les plus grandes dépenses au moment de leur inscription.Au cours de la période de deux ans durant laquelle l’étude s’est déroulée, chaque tranche de 10 dollars investis dans les services accordant la priorité au logement a entraîné une économie moyenne de 21,72 dollars chez ces participants.

Avoir un endroit où loger et des services peut entraîner d’autres résultats positifs qui vont au-delà de ceux offerts par les services existants

La qualité de vie et le fonctionnement en société se sont améliorés chez les participants des deux groupes (intervention et traitement habituel) mais les améliorations étaient grandement supérieures dans le volet d’intervention, cela pour les deux types de services (SIM et SIV).Les résultats liés aux symptômes, dont les ceux relatifs aux problèmes d’abus et de santé mentale, se sont améliorés de façon similaire chez les deux types de participants. Cependant, comme la plupart des services existants n’étaient pas liés au logement, l’efficacité a été nettement inférieure dans le groupe recevant les services habituels en ce qui a trait à l’itinérance.

L’approche accordant la priorité au logement peut changer des vies de nombreuses façons

Bien que les groupes ayant reçu un logement aient vu, en moyenne, leur situation s’améliorer et aient signalé moins d’expériences négatives que les groupes des services habituels, les changements survenus sont très diversifiés.Les personnes ayant de graves problèmes de consommation de substances intoxicantes, par exemple, ont eu tendance à moins bien se porter que les autres, peu importe le groupe à l’étude, bien que la majorité des personnes du groupe du volet d’intervention ait tout de même réussi à occuper un logement de façon stable.

Bien gérer le programme accordant la priorité au logement est essentiel pour optimiser les résultats

Les résultats relatifs à l‘occupation stable d’un logement, à la qualité de vie et au fonctionnement dans la communauté étaient tous plus positifs dans le cas des programmes se rapprochant le plus des critères de l’approche accordant la priorité au logement.Cela indique que l’investissement dans la formation et le soutien technique peut améliorer les résultats.

Comment le modèle accordant la priorité au logement peut-il être adapté?

Le programme accordant la priorité au logement peut être adapté pour de nombreux groupes en situation d’itinérance. Ce guide offre des renseignements sur le modèle accordant la priorité au logement relativement aux personnes en situation d’itinérance chronique ayant des besoins en matière de santé mentale et de dépendances, plus précisément.

Bien que le programme soit mis en œuvre plus souvent en milieu urbain, il peut être adapté et mis en œuvre presque partout. Le projet Chez Soi a été implanté dans cinq villes canadiennes.

Consultez la carte ci-dessous pour savoir comment le projet Chez Soi a su adapter les interventions accordant la priorité au logement pour répondre aux besoins particulier de ses participants.

Comment l’approche accordant la priorité au logement améliore-t-elle la qualité de vie des participants?

Le modèle accordant la priorité au logement a démontré qu’il favorise l’autonomie des usagers, améliore la santé et la santé mentale, permet aux participants de se projeter dans l’avenir et à entretenir des relations sociales30. Le modèle accordant la priorité au logement peut également permettre aux participants de reprendre possession de leur précieuse identité.31

Visionnez ces vidéos coproduites par l’Office national du film et Pathways to Housing pour avoir un aperçu des expériences des participants des interventions accordant la priorité au logement.


1. Tsemberis, S., Gulcur, L., & Nakae, M. (2004). Housing first, consumer choice, and harm reduction for homeless individuals with a dual diagnosis. Journal Information, 94(4).
2. Tsemberis, S. (2010). Housing First: The Pathways model to end homelessness for people with mental illness and addictions. Center City, MN: Hazelden.
3. Substance Abuse and Mental Health Services Administration. (2010). Permanent supportive housing evidence-based practices kit. Rockville, MD: Center for Mental Health Services, Substance Abuse and Mental Health Services Administration, U.S. Department of Health and Human Services.
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21 Tsemberis, S., Gulcur, L., & Nakae, M. (2004). Housing first, consumer choice, and harm reduction for homeless individuals with a dual diagnosis. Journal Information, 94(4).
22 Padgett, D. K. (2007). There’s no place like (a) home: Ontological security among persons with serious mental illness in the United States. Social Science & Medicine, 64(9), 1925-1936.
23 Adapted from: Nelson, G., Goering, P., & Tsemberis, S. (2012). Housing for people with lived experience of mental health issues: Housing First as a strategy to improve quality of life. In C. J. Walker, K. Johnson, & E. Cunningham (Eds.), Community psychology and the economics of mental health: Global perspectives (pp. 191-205). Basingstoke, UK: Palgrave MacMillan
24 Greenwood, R.M., Stefancic, A., Tsemberis, S., & Busch-Geertsema, V. (2013). Implementations of Housing First in Europe: Successes and challenges in maintaining model fidelity. American Journal of Psychiatric Rehabilitation, 16, 290-312.
25 Busch_Geertsema, V. (2013). Housing First Europe: Final report. Bremen/Brussels: European Union Programme for Employment and Social Solidarity.
26 Aubry, T., Ecker, J., Jette, J. Supported housing as a promising housing first approach for people with sever and persisting mental illness in Guirguis, M., McNeil, R., & Hwang, S. eds. Homelessness and Health. In press.
27 http://www.nrepp.samhsa.gov/
28 Mental Health Commission of Canada. At Home/Chez Soi Early Findings. 2012.
29 Mental Health Commission of Canada. Main Messages from the Cross-Site At Home/Chez Soi project. 2013.
31 Gillis, L., Dickerson, G., & Hanson, J. (2010). Recovery and homeless services: New directions for the field. Open Health Services and Policy Journal,3, 71-79.

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